Une interview totalement Tintin

En l'honneur de la parution imminente de Tintin au pays des Soviets, Nick Rodwell et Charlotte Gallimard répondent à quelques questions (une interview accordée à livre Hebdo).
© Hergé / Tintinimaginatio 2016 / Foire de Francfort 2016
Lorsque vous avez repris les rênes de Casterman en 2013, vous n’avez pas ménagé vos efforts pour établir des relations apaisées. Aujourd’hui vous voilà tous les deux côte-à-côte en interview. Quelle est la place de l’univers Hergé chez Casterman ?
Charlotte Gallimard : La bande dessinée chez Casterman s’est créée grâce à Hergé, avec la publication des Cigares du Pharaon en 1934. Et aujourd’hui encore Tintin représente une part majeure de notre activité avec 500 000 albums vendus chaque année en langue française et 230 millions depuis la première édition. Avec Nick Rodwell, nous faisons en sorte que l’œuvre d’Hergé ne s’endorme jamais.
© Moulinsart 2016 - Charlotte Gallimard
Nick Rodwell : Nous avons le même but. Antoine et Charlotte Gallimard ont compris dès le début de notre collaboration que cela ne valait pas la peine de se faire la guerre. Moulinsart n’avait pas le sentiment d’être respecté auparavant. La maison a été cédée à plusieurs reprises : à Flammarion puis à Rizzoli et enfin, à Gallimard, ce qui est très déstabilisant. Ma femme qui est l’ayant droit de l’œuvre d’Hergé (en tant qu’ancienne épouse de l’auteur, ndlr) s’était inquiétée de cette reprise dans une lettre cosignée notamment par les dessinateurs François Schuiten et Philippe Geluck. Madrigall a fait ce qu’il fallait et on s’est rapidement rencontré. Rizzoli n’a jamais envoyé personne. J’ai connu la famille Casterman... j’ai connu la famille Flammarion... et maintenant je découvre la famille Gallimard. Et c’est rassurant !
© Moulinsart / Les bureaux des éditions Gallimard
Vous semblez rassuré puisque pas moins de six projets ont été coédités en deux ans et demi...
CG : Notre partenariat est dynamique et ça fonctionne bien.
NR : Nos équipes se connaissent bien. Dans l’organisation d’une société et sa relation avec l’éditeur tout est question de système : trouver le bon mode de fonctionnement et s’y tenir pour éviter le chaos absolu.
Que prévoyez-vous pour la parution de la version colorisée de Tintin au pays des Soviets ?
CG : Cette parution sera, nous l’espérons, un grand événement avec une fête de lancement, une campagne marketing, un tirage de 300 000 exemplaires auxquels s’ajoutent 50 000 volumes d’une version luxe avec la couverture d’origine et un dossier explicatif.
L’album paraîtra-t-il en plusieurs langues ?
NR : En français et en néerlandais simultanément. Et nous espérons aussi l’éditer en anglais, mais uniquement en numérique, avec une nouvelle traduction.
CG : Nous aimerions beaucoup céder les droits à l’Allemagne car son éditeur Carlsen va fêter ses 50 ans. Notre objectif est de dynamiser l’univers de Tintin à l’étranger.
NR : Ce n’est pas pour compliquer la vie de Charlotte, mais ce n’est pas aussi simple qu’elle le dit ! Même si à l’étranger, certains éditeurs publient Tintin de longue date, ils vont cependant devoir faire preuve de motivation, comme l’a fait Gallimard Jeunesse avec Harry Potter.
© Moulinsart 2016 / Les bureaux des éditions Gallimard
D’où est venue l’idée de cette mise en couleur ?
CG : Il y a deux ans, Nick m’a montré des essais sur Ipad. Tintin est transgénérationnel, mais les enfants d’aujourd’hui n’ont pas l’habitude de voir des choses en noir et blanc. Tout est en couleur dans leur vie.
NK : C’était le seul album qui ne proposait pas une version couleurs. Comme mon épouse me l’a fait remarquer, avec cette colorisation, à l’instar de celle faite sur les films des années 1930, nous avons ajouté quelque chose à l’oeuvre originale, tout en la respectant.
Cependant, Hergé n’a jamais mis en avant cet album. Cette mise en lumière n’est-elle pas une trahison?
NK : La question peut se poser. Cela pourrait être la question qui fâche, mais il n’en est rien. Nous ne trahissons en rien l’oeuvre originale en noir et blanc, nous en proposons maintenant une variante en couleurs, rien de plus, rien de moins.
CG : Je ne pense pas qu’Hergé ait cherché à cacher cet album. D’ailleurs, il était vraiment mécontent du fait que Casterman ne fasse pas l’effort de le republier. Il ne le sera jamais de son vivant. Il faudra attendre 1999 pour une édition à large diffusion. Philippe Goddin le raconte dans Tintin et les Soviets, édité cette semaine par Moulinsart.
C’est l’historien officiel de Moulinsart ?
NR : C’est le plus grand spécialiste du genre.
Parce que les autres chercheurs sont freinés dans leurs recherches faute d’accès à vos archives...
NR : Les archives ne sont pas publiques. Les autres chercheurs connaissent bien le sujet, mais ne sont pas aussi connaisseurs et passionnés que Philippe Goddin, ancien secrétaire général de la Fondation Hergé, qui consacre 100 % de son temps à l’univers d’Hergé. C’est le grand Hergéologue, l’unique !
Votre expression n’a-t-elle pas un côté « au pays des Soviets » ?
NR : Philippe Goddin est libre de faire ses recherches où il le souhaite. Par ailleurs, notre mission est de protéger et de promouvoir l’œuvre. Les droits nous appartiennent. Tout le monde travaille comme ça, de Louis Vuitton aux ayants droits de Picasso ou de Magritte. La seule différence, c’est qu’on a mauvaise réputation…
CG : Les chercheurs peuvent écrire ce qu’ils veulent sur Tintin, mais s’ils souhaitent des dessins, ils doivent soumettre une demande à la société Moulinsart.
NR : Nous essayons de maintenir un niveau. J’essaie de positionner l’oeuvre d’Hergé entre la bande dessinée et l’art contemporain.
Aujourd’hui que recouvre l’héritage Hergé ?
NR : Il y a un musée Hergé à Louvain-la-Neuve, une asbl qui s’appelle Studios Hergé, une société anonyme Moulinsart ainsi que deux boutiques.
© Hergé / Tintinimaginatio 2016 / Catalogue Exposition Hergé au Grand Palais
Comment envisagez-vous la succession ?
NR : J’ai encore vu ma femme ce matin et elle était en bonne forme...
Y aura-t-il de nouvelles aventures de Tintin avec un autre auteur ?
CG : C’est drôle, Antoine Gallimard lui a posé la question dernièrement.
NR : Si Tintin au pays des Soviets est si important, c’est qu’il s’agit sans doute de la dernière nouveauté avant le 1er janvier 2054, date à laquelle les droits tomberont dans le domaine public. Hergé a déclaré dans un entretien avec Numa Sadoul qu’il ne voulait pas de nouvelles aventures de Tintin après lui. Ce n’est certes pas dans un testament ni dans un document officiel, mais Casterman et Fanny ont toujours respecté ça. Nos projets se concentrent à ce jour sur de nouvelles éditions et des expositions.
Retrouvez aussi Nick Rodwell et Charlotte Gallimard : Tintin forever sur livreshebdo.fr
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