Tom Frantzen, le roi de la zwanze
Après Breughel et Brel, voici Hergé.
Le musée Hergé accueille des sculptures de Tom Frantzen jusqu’au 19 août 2019.
De la cire à Hergé
Après des humanités scientifiques, Tom Frantzen hésite entre des études d’architecture ou de sculpture. Finalement, il opte pour le cursus universitaire « Sculpture monumentale » de l’École nationale d’Architecture et des Arts visuels de La Cambre à Bruxelles. Il a pour maître Rik Poot, qui lui apprend tout particulièrement la technique de la cire perdue. Il effectue un stage chez un fondeur italien, puis il construit sa propre fonderie. Elle restera en activité jusqu’en 1990. Toutefois, les moulages, le ciselage et la finition sont toujours réalisés dans son propre atelier.
Son style se caractérise par la fantaisie et l’humour. Il se décrit lui-même comme un « artiste fantastique flamand contemporain ». Dans ses œuvres, le surréalisme et la satire forment un tout. Il inclut fréquemment dans ses compositions des éléments mécaniques « greffés » aux éléments vivants, tout en restant visuellement plausibles. Passé, présent et avenir se mélangent. Les humains deviennent des animaux et inversement. Il combine des formes minimalistes en acier corten, en béton ou en bois, avec des formes organiques en bronze.
Tom Frantzen participe régulièrement à des concours et ses réalisations publiques sont comme des « accents » qui s’intègrent et animent l’environnement existant. L’interactivité avec les passants est pour lui une démarche primordiale.
Questions / réponses :
Tom Frantzen, après la création d’une sculpture de Jacques Brel, vous venez d’être sollicité pour réaliser une statue à l’effigie d’Hergé, cet autre artiste bruxellois célèbre.
Brel et Hergé sont associés à la ville de Bruxelles comme personne d’autre. Ils ont contribué à enrichir son identité et à lui donner une image internationale positive. Ce sont des artistes pour lesquels j’ai beaucoup d’admiration et de respect et c’est un honneur pour moi d’avoir pu les représenter.
Hergé est originaire d’Etterbeek, était-il un vrai Bruxellois ?
Sa mère était une Bruxelloise authentique et Bruxelles a toujours été pour Hergé une grande source d’inspiration. Il a représenté le Marché aux puces, les rues, les places et leurs habitants, mais aussi les Musées royaux d’Art et d’Histoire du parc du Cinquantenaire ou l’AfricaMuseum à Tervueren qu’il a intégré dans certains de ses albums. Dans Tintin au pays des Soviets, la gare où Tintin est acclamé par une foule enthousiaste n’est autre que l’ancienne gare du Nord de la place Rogier, démolie en 1952. Quant à la série Quick et Flupke, il localise ces gamins facétieux en plein quartier des Marolles. Impossible d’être plus bruxellois !
Entrer dans la Zwanze par Tom
On retrouve la « zwanze », l’humour typique de Bruxelles, en bonne place dans les albums d’Hergé, mais aussi dans vos sculptures. Pouvez-vous nous dire ce qu’est la « zwanze » ?
La zwanze est un dialecte flamand brabançon, entrecoupé de mots français. L’absurde, la dérision et le surréalisme ne sont jamais bien loin, mais ce dialecte est malheureusement en train de disparaître. C’est une des raisons pour lesquelles je me suis battu durant des années pour perpétuer cette forme d’humour par la voie de sculptures de rue. Je crée une sorte de « zwanze visuelle » pour que tous ceux qui ne comprennent pas cette langue puissent profiter de cet humour si particulier.
Depuis que j’ai réalisé la sculpture de Madame Chapeau au coin de la rue du Midi et de la rue des Moineaux à Bruxelles, je suis définitivement associé à cette « zwanze » bruxelloise. Il faut dire qu’Amélie Vanbeneden, alias Madame Chapeau, est le personnage le plus populaire de la pièce de théâtre Bossemans et Coppenolle, créée en 1938 par Joris Hanswijck et Paul van Stalle.
Il en va de même pour ma sculpture Le Zinneke, située au n° 35 rue des Chartreux à Bruxelles. Elle pourrait également figurer dans la catégorie « zwanze bruxelloise en bronze ».
Ne pas manquer l’expo temporaire au Musée Hergé
Accès gratuit
Plus d’infos sur le site museeherge.com
Catalogue Hergé & Tom Frantzen : Une rencontre imaginaire.
Toutes les photos qui illustrent cet article sont © Philippe Fontaine