Tintin rassemble !
Le Mans, ville mythique du sport automobile, accueillait pour la première fois le Rallye Tintin. Aux premières lueurs du premier jour de ce week-end ensoleillé, les voitures sorties des cases des albums pour l’occasion arrivent au compte-goutte sur la place des Jacobins au pied de la Cathédrale Saint-Julien du Mans.
Les pilotes, mains au volant, harnachés dans leurs sièges et affublés de leurs costumes tintinesques coupent leurs moteurs. Souvent accompagnés de leur Castafiore ou d’une mystérieuse et belle figurante, ils s’arrachent de leur véhicule parfois dans un nuage de fumée bleue, prêts pour le bain de foule et le tintamarre.
Les Mancelles et les Manceaux ont été à la hauteur de cette première en France. Ils sont venus en nombre dans la joie et la bonne humeur. Petits et grands se croisaient entre les pare-chocs chromés scintillant sous un soleil éclatant.
La ligne claire et colorée des voitures brisait le style architectural gothique angevin d’un des plus grands édifices de ce style en France. Le quartier des Jacobins et la place éponyme située au pied du quartier historique de la cité Plantagenêt s’imposaient comme le lieu rêvé pour l’exposition des 40 voitures : de la plus ancienne - la Ford T (1926) en passant par celles de l’âge d’or des voitures françaises - Peugeot (202 - 203 - 403) - Renault (4CV - Frégate - Dauphine) - (Citroën (Traction - 2CV) ou anglaises (Triumph - Jaguar (MK2 - XK 120 - Rover - MG - Austin Healey) aux plus récentes Lancia Fulvia (1971), MG B (1971) ou Rover (1976).
Pendant toute la journée, le côté festif, le concours de déguisement pour les enfants, les chants a capella, l’harmonie de Moulinsart ont animé ce rassemblement de routiers sympas jusqu’au départ annoncé à 15h30. La Place des Jacobins est devenue le temps d’une journée une sorte d’Agora des temps modernes dédiée à la case entre le rêve et la réalité ! Pas encore de bruit de klaxons, mais une ambiance de bonne rigolade ponctuée des gammes vocales des rossignols milanais !
À 15h30, le maître de séance, Patrick Guilleux, accompagné de Séraphin Lampion, connu aussi sous le nom de Luis Castellano, sonna du klaxon aussi fort que possible et tous les moteurs se mirent à vrombir. Le rugissement des moteurs se répercutait tout autour de la place. Un à un, les bolides se mirent en marche traversant une haie d’honneur ! Destination Blois ! Allez c’est parti ! La caravane des Joyeux Turlurons roule en direction de Parigné L’Evéque, Pruilé, Saint Vincent du Lorouër, Saint Pierre du Lorouër, Chahaignes, Ruillé sur Loir à travers les champs de colza entrecoupés de bocages et d’arbres fruitiers magnifiquement fleuris. La route se poursuit dans les méandres verdoyants du Loir. À Poncé s/Le Loir, la route longe le château de la Volonière (XVIe siècle) dont l’architecture est inspirée du château de Chambord et d’Azay-le-Rideau et quelques vestiges du château médiéval situés dans le parc attenant.
Le convoi fait une pause à Couture sur Loir, au château de la Possonnière ou « château de Ronsard » de style renaissance italienne. C’est dans ce château qu’est né le « Prince des poètes et le poète des princes », Pierre de Ronsard, écrivain de son état que tout bon écolier ne peut ignorer tant il était une figure majeure de la littérature poétique de la Renaissance.
Plus ou moins 90 km se sont écoulés depuis Le Mans, aucune panne n’est venue perturber la douceur du périple qui est passé par Montoire sur Loir, Lavandin, Herbault Saint Sulpice de Pommeraye pour arriver finalement à Blois où l’accueil fut des plus chaleureux ! Dans la descente vers le château de Blois, la Renault Frégate nous a joué un mauvais tour : son moteur broute et refuse de démarrer lors d’un arrêt à un feu rouge un peu long pour son goût !
La mémorable journée se termine en beauté par une réception à la Maison de la Bande Dessinée de Blois, suvi d’un repos bien mérité pour les mécaniques et les charpentes des chauffeurs et des chauffeuses…
Dimanche 19 avril, après cette étape de plus de 100 km, le défilé final ayant à sa tête, la Ford T, reprend la route en direction du domaine de Chambord pour arriver à bon port à Cheverny.
Charles Antoine de Vibraye et sa charmante épouse nous accueillent sur l’escalier monumental qui mène à leur château. Et ce n’est pas n’importe quel château ! Cet édifice, magnifique dans ses proportions, parfaitement intégré dans son superbe environnement naturel, n’est autre que celui qui a servi, en grande partie, de modèle à Hergé pour dessiner le château de Moulinsart. Avec majesté, les grilles de la grande propriété s’ouvrent comme par enchantement, et voilà que les rutilantes automobiles, vivants échos aux modèles que l’on trouve dans la série des aventures de Tintin pénètrent dans le domaine de Cheverny. La réalité des lieux n’enlève rien à la magie de la fiction… On est à Moulinsart, mille sabords !