Tintin, vive la paix !
L’été est chaud et meurtrier… ! Il n’y a pas un jour sans une victime innocente. La souffrance des peuples et le bruit des bottes sont insupportables. Cette forte odeur de poudre nous oblige à mettre à la Une le combat pour la dignité de l’Homme – Tintin a toujours pris parti pour les opprimés-. Et les opprimés, au cours de cet été, ce sont toutes les victimes innocentes, les civils de tous camps, les passagers du MH17, les enfants de Gaza, les habitants de Syrie et d’Irak, les visiteurs et employés du Musée juif de Bruxelles, les jeunes lycéennes enlevées au Nigéria… la liste est longue et certainement incomplète.
Ce coup de gueule ressemble un peu à celui qu’Hergé avait poussé dans le journal Le Vingtième Siècle lors du conflit sino-japonais où il envoya aux lecteurs du journal le message suivant : « Ne feriez-vous rien pour eux… ? Des milliers d’enfants chinois sont les innocentes victimes d’un massacre ». Cette annonce était suivie d’un appel aux dons récompensés par un calendrier Tintin pour les généreux donateurs. Tintin et ses amis combattent toute forme de fanatisme et de destruction de la vie. Tournesol est sur ce point un activiste non violent engagé. On se souvient de ces paroles, involontairement cocasses, mais pleines de sagesse :
Tournesol : « Je regrette, militaire, mais je refuse de serrer une main qui foule aux pieds les droits imprescriptibles de la personne humaine !... »
De la même manière, le savant barbichu ne veut pas se compromettre et refuse que ses inventions puissent être détournées à des fins militaires, rarement porteuses d’espoir et de paix, mais au contraire, synonymes de malheur et de destruction. La fin du récit de L’Affaire Tournesol est tout à fait significative de cette tournure d’esprit.
À l’heure du danger, nous devons continuer à dénoncer toute forme de barbarie et défendre haut et fort la dignité humaine.
« Vive la paix ! » écrivait Hergé sur sa célèbre carte de vœux de 1972 mettant en scène tous les personnages des aventures de Tintin. Personne ne peut contester que la paix est plus salutaire que la guerre. La colombe doit primer sur le canon.
Dans un monde idéal, le monde (pas tous) préfère l’action non violente à celle violente, mais il faut bien admettre que parfois le plus salutaire et le plus diabolique ont cohabité. Il arrive, hélas, que l’action violente soit l’ultime recours salvateur ! La complexité humaine nécessite malheureusement des compromissions... Mais, la nécessité du recours à la violence a ses limites. Et la question de la dignité humaine est et doit rester au cœur du débat. La non-souffrance des victimes civiles est le critère absolu que les nations se doivent de respecter !
Les enfants d’Adam font partie d’un corps
Ils sont créés tous d’une même essence
Si une peine arrive à un membre du corps
Les autres aussi, perdent leur aisance
Si, pour la peine des autres, tu n’as pas de souffrance
Tu ne mériteras pas d’être dans ce corps
(Saadi : Abū-Muḥammad Muṣliḥ al-Dīn bin Abdallāh Shīrāzī)
Traduit par Mahshid Moshiri (La traduction en anglais de ce poème de Saadi figure à l’entrée du siège de l’Organisation des Nations Unies à New York)
Parole d’un sage
Un roi cruel demanda à un sage : "Quel est l’acte le plus pieux ?"
Le sage répondit : "Pour toi, c’est de faire des siestes pendant la journée pour que le peuple puisse respirer."