Tintin en Argentine
Tintin est un citoyen du monde. Ses lecteurs et des internautes de tous horizons aiment se l'approprier. L'Argentine ne fait pas exception.
Sur les traces de Tintin dans les rues de Buenos Aires
En balade dans le quartier de San Telmo, un des quartiers les plus anciens de Buenos Aires, on peut trouver des traces de notre héros, arrivé par bateau dans ce pays avec les immigrés européens, via l'estuaire du Rio de la Plata. Cet estuaire forme une vaste entaille triangulaire créée par le Rio Parana et le Rio Uruguay.
Tous les dimanches, il y a la Feria (fête aux antiquités) tout autour de la Plaza Dorrego. En fouillant bien dans les vieux papiers, il arrive de tomber sur des exemplaires des albums de Tintin en espagnol. Tintin côtoie une héroïne nationale, Mafalda, qui est beaucoup plus présente que notre héros. Et pour cause, son créateur Quino (Joaquin Salvador Lavado) est argentin. Mafalda est plus jeune que Tintin et fêtera ses cinquante ans l'année prochaine.
Des cases et des bulles au pays du tango
L'Argentine possède également une tradition de production de bandes dessinées (Historieta argentina) et a d'ailleurs fourni des auteurs de renommée. Cette culture des illustrations est née au début du vingtième siècle par la parution de nombreuses revues d'actualité au ton humoristique. L'historieta a connu ses plus belles années après guerre sous l'impulsion évidente des comics américains. Billiken (1919, Argentine) est la première revue pour enfants diffusée en Amérique du Sud. Des suppléments jeunesse comme celui du Critica contribuèrent aussi au succès grandissant de l'historieta. Des auteurs argentins comme Francisco Solano Lopez (auteur avec Hector Oesterheld de "El Eternauta", une série BD de science fiction) ou Alberto Breccia donnent au genre historieta ses premières lettres de noblesse. C'est ce dernier qui créa, avec Hugo Pratt, l'école panaméricaine d'art à Buenos Aires. Il était aussi membre avec ce dernier du groupe de Venise composé d'artistes italiens expatriés comme Ido Pavone, Horacio Lalia, Faustinelli ou Ongaro.Hugo Pratt a quitté sa Venise natale pour Buenos Aires en 1949. Il y fait la rencontre de Hector Oesterheid avec qui il collabore dans la revue Cinemisterio pour les enquêtes du détective Ray Kitt. En 1952, le Sergent Kirk né sous la plume de Hugo Pratt fait son apparition dans la revue Misterix. Hugo Pratt reprendra une série écrite par Ongaro.
Hergé en Argentine ?
Buenos Aires est la Mecque latino de la BD et ne manque pas d'attrait pour ceux qui voudraient vivre de leur art sous des cieux plus cléments. Hergé-lui même a caressé l'espoir de s'expatrier en Argentine. Dans la biographie Hergé, lignes de vie, signée Philippe Goddin, sont repris plusieurs échanges de correspondances qui font état d'un départ imminent de Bruxelles pour le pays du Tango :
Lettre d'Hergé à J. Guérome, à Buenos Aires : « Inutile de te dire la joie que je ressens de te savoir là-bas en bonne santé et en pleine forme et aussi celle de constater que (...) tu ne nous a pas oubliés. (...) Tes questions me concernant me sont arrivées au moment où je viens d'entreprendre, moi aussi, des démarches en vue de quitter ce triste pays et de m'installer définitivement et sans esprit de retour en Argentine ».
Lettre d'Hergé à Joseph Gillain (Jijé) le 26 novembre 1948 : « Je profite de l'occasion pour vous féliciter, vous et les vôtres, d'avoir su prendre la décision de quitter notre pauvre Europe vermoulue, et d'aller vivre sous un ciel plus bleu ».
Lettre d'Hergé à Joseph Gillain (Jijé) le 8 mars 1949 : « Rien de nouveau quant à mon départ de Bruxelles. Pour l'instant, j'ai engagé des pourparlers avec l'Argentine. Attendons ».
Hergé, par l'entremise d'un certain John Reynolds Heilbuth, tentait aussi de faire connaître Tintin au pays de la Milonga via la presse et les périodiques. Finalement, le père de Tintin n'émigra pas en Argentine et continua jusqu'à la fin de son existence à vivre et à travailler en Belgique.
Tintin à la conquête du pays
Officiellement, Tintin fit son apparition dans les années 60 sous l'impulsion d'une société dénommée Librecol qui était chargée de faire connaître notre héros et ses amis auprès du public argentin. Du dépliant publicitaire vendant les mérites de Tintin à des annonces dans le magazine jeunesse Billiken ou le quotidien La Razon, Tintin tente bien que mal à s'imposer comme historieta. Les deux premiers albums distribués en Argentine furent Le Sceptre d'Ottokar et Objectif Lune.
Magazine Billiken
Début 70, Tintin est publié dans l'hebdomadaire Billiken, le plus vieux magazine pour jeune en langue espagnole. L'aventure dure 4 années et 6 titres sont publiés. Pour l'occasion, Tintin parle aussi pour la première fois l'espagnol rioplatense (l'espagnol d'argentine fortement influencé de l'italien) avec des expressions idiomatiques typiquement argentines. L'impression des Aventures de Tintin dans le journal laisse parfois franchement à désirer tant les moyens de production sont réduits. En matière de coloriage, la dérive est parfois grotesque. Mais le succès de ces publications est important et gagne l'ensemble du pays.
Anteojito, un autre magazine pour enfant qui porte le nom du personnage créé par Manuel Garcia Ferré, auteur de BD ou historietista, prend le relai dans les années 80 et publie au début 4 pages des Aventures de Tintin. Tintin peut de cette façon prendre le fil sur le crochet et reconquérir les rayons des librairies sous l'enseigne de la société Ediciones Continente SRL établie à Avenida Pavon 2229/31, Buenos Aires. Avec Continente, Tintin est entre de bonnes mains. Pour preuve, une étude publiée en 1995 témoigne sa popularité en Amérique latine : 23% des enfants âgés entre 7 - 11 ont vu ou entendu parler de Tintin. Ce % grimpe à 63% pour l'Argentine qui est de loin le pays d'Amérique latine le plus tintinesque. La sortie des dessins animés, au début des années 90, a bien sûr contribué à ce succès de popularité. La raison d'un tel succès est dû pour l'essentiel aux décors exotiques qui éveillent tous les sens des jeunes lecteurs latinos.
La popularité de Tintin en Argentine s'est d'ailleurs confirmée lors de la sortie du Film : The Adventures of Tintin de Steven Spielberg où l'Argentine venait en deuxième rang du box office de l'Amérique du Sud, après le Brésil.
Pour achever ce petit tour d'horizon argentin, nous voulons vous montrer quelques photos de la visite récente de Tintin en Argentine :
El Calafate
El Calafate est une ville de la province de Santa Cruz, en Argentine, et le chef-lieu du département de Lago Argentino. Elle est située en Patagonie argentine, près de la rive sud du lac Argentino et à 256 km au nord-ouest de Rio Gallegos.
Perito Moreno
Le glacier Perito Moreno, de 5 000 mètres de front et 60 mètres de hauteur, est situé dans le parc national Los Glaciares de la province de Santa Cruz, en Argentine. Situé à 78 kilomètres d'El Calafate, c'est l'un des glaciers les plus célèbres de la Patagonie argentine.
Porto Nuevo (Buenos Aires)
Le Puerto Nuevo fait partie du port de Buenos Aires qui continue à fonctionner aujourd'hui comme le Puerto Madero. Les anciens docks ont été transformés en résidences, bureaux et commerces.
Ruines de Quilmes (Salta)
Les ruines de Quilmes font partie d' un site archéologique dans les Vallées Calchaquies, la province de Tucumn, en Argentine. Le site a été la plus grande installation pré-colombienne dans le pays.
Chutes d'Iguazu
Les chutes d'Iguaz (en espagnol : cataratas del Iguaz) situées au beau milieu de la forêt tropicale, à la frontière entre l'Argentine (80 %) et le Brésil (20 %), sont une merveille naturelle inscrite aupatrimoine mondial par l'UNESCO en 1984.
Montevideo (Uruguay)
Montevideo ou Montévidéo est la capitale, le principal port et la plus grande ville d'Uruguay.
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