Vol hypersonique pour Sydney

Tintin aura 121 ans quand il pourra embarquer dans ces jets connus sous les noms de ZEHST ou WaveRider et qui font tant parler d'eux. Il pourra alors participer au voyage inaugural qui pourrait, par exemple, l'emmener à Sydney et cette fois, en un temps record de 3h30 minutes !

LE CARREIDAS, UN AVION SUPERSONIQUE

Dans Vol 714 pour Sydney, Tintin part de Londres pour un congrès d'astronautique à Sydney en faisant escale à Jakarta ! C'est lors de cette escale que Tintin va goûter aux plaisirs d'un vol supersonique !

Sa rencontre inattendue avec Lazlo Carreidas va complètement bouleverser son plan de vol, mais aussi celui de ses amis le capitaine Haddock et le professeur Tournesol. Carreidas, constructeur d'avions militaires (personnage inspiré de Marcel Dassault et d'Howard Hughes), les invite à bord de son avion d'affaires supersonique.

Le véritable départ pour Sydney n'aura lieu qu'à la dernière page du récit !

DU TRAVAIL DE SPÉCIALISTE

Aux Studios Hergé, tout le monde savait que Roger Leloup n'avait pas son pareil pour dessiner des avions. C'est pourquoi Hergé confia au futur « père » de Yoko Tsuno le soin de créer le Carreidas 160, un triréacteur supersonique à géométrie variable dont la coupe transversale publiée dans le Journal de Tintin livra tous les secrets aux lecteurs de 7 à 77 ans.

Cet avion d'affaires est conçu pour emporter à son bord dix passagers plus quatre hommes d'équipage.

CIEL, UN PETIT BIJOU AILÉ !

Même s'il est inspiré pour une partie de son équipement par d'autres avions modernes de l'époque, le Carreidas 160 est un petit bijou d'excellence technologique, en avance sur son temps (années 60).

Plusieurs avions ont servi de modèle pour sa conception :

- La voilure à géométrie variable présente la même solution pour voler à Mach 2 que le Mirage G2 qui effectue son premier vol en 1966.

- Le train d'atterrissage est particulièrement semblable à celui des avions de transport à réaction de Tupolev comme le Tu-134.

- La formule triréacteur rappelle celle d'autres petits avions de transport à réaction comme le Yakovlev Yak-40 ou le Falcon 50 de Dassault Aviation (qui ne fit son apparition que huit ans plus tard).

- Les réacteurs à postcombustion se retrouvent sur des avions supersoniques commerciaux comme le Concorde ou le Tupolev Tu-144.

- La géométrie des entrées d'air des réacteurs est pratiquement identique à celle du Rockwell B-1 Lancer, en développement à l'époque. Étrangement, le B-1 est doté d'ailes à géométrie variable très semblables à celles du C-160.

- L'empennage en T, autrefois assez commun pour certains avions supersoniques comme le Lockheed F-104 Starfighter ou le McDonnell F-101 Voodoo, rappelle particulièrement celui du Vickers VC-10 (parmi tant d'autres).

LE SUPERSONIQUE EST MORT, VIVE L' HYPERSONIQUE

Qui volera verra ! Et peut-être que Tintin comptera parmi les chanceux à pouvoir s'asseoir confortablement pour entamer un vol à la vitesse incroyable de plus de 6.150 km/h. À la différence d'un vol supersonique (la vitesse dépasse tout simplement Mach 1 (supérieure à 1.230km/h ou 340m /s), le vol hypersonique est supérieur à Mach 5 (> 6.150 km/h ou 1.710 m/s).

LE ZEHSTET ET WAVERIDER

Ce nom étrange signifie « Zero Emission Hypersonic Transportation ».

Sa conception est l'oeuvre des ateliers de EADS, ce géant aéronautique qui détient l'avionneur Airbus. Cet avion des temps modernes serait capable de voler à environ quatre fois la vitesse du son soit Mach 4. À titre de comparaison, le « vieux » Concorde volait à Mach 2 ou deux fois la vitesse du son.

Équipé de plus de 20 sièges pour passagers (vraisemblablement entre 50 et 100 passagers), ce jet serait un véritable avion de ligne long courrier petit porteur (+/- 70 passagers). Le constructeur EADS équiperait l'avion de turboréacteurs pour le décollage horizontal et devrait permettre à ce dernier de monter à une altitude de 10.000 pieds (3.048 mètres). Ensuite, ce sont des statoréacteurs qui prendraient le relais pour emmener les passagers à Mach 4 et à une altitude de 105.000 pieds (32.000 m) (au lieu des 35.000 pieds (10.668 m) des avions commerciaux actuels). Bonjour l'accélération et le saut en hauteur !

C'est aussi le nec plus ultra du point de vue environnemental. ZEHST serait alimenté principalement par de l'hydrogène. Ce jet ultra rapide ne brûlerait presque aucun hydrocarbure et deviendrait ainsi l'avion le plus propre et le plus économe. Le concept-plane serait prêt, selon les responsables d'EADS, vers 2020 et sa mise en service serait prévue vers 2050.

Le seul bémol de ce projet ambitieux est le prix du ticket pour celui qui voudrait s'offrir un siège et ajouter un zeste d'hypersonique dans son verre, confronté au choc du mur du son ! Il lui en coûterait entre 10.000 $ et 30.000$. Vu le délai annoncé pour la mise en service d'un tel engin, les candidats potentiels auront tout le temps pour économiser !

Un autre concept-plane est l'avion hypersonique WaveRider qui lui est déjà en test. Des débuts qui semblent un peu chaotiques : son premier vol d'essai n'aurait duré que 16 secondes, suite au dysfonctionnement d'un empennage.

Visionnez la vidéo de l'Airbus Wave Rider

BIEN AVANT LE CARREIDAS...

Vol 714 pour Sydney (1968) n'est pas le premier récit dans lequel Hergé fait référence à la haute technologie en matière d'aviation. Dans une autre série, les aventures de Jo, Zette et Jocko, le dessinateur évoque un modèle d'avion Le Stratonef H. 22, un appareil stratosphérique capable d'atteindre 15.450 mètres et de voler à une vitesse de plus de 1.000 kilomètres à l'heure. Le 8 septembre 1938, les lecteurs du Petit Vingtième découvrent les premières cases qui évoquent le prototype de l'engin ainsi que ses propriétés.

C'est le père de Jo et Zette, monsieur Legrand, ingénieur à la S.A.F.C.A. qui en est le concepteur.