Charlesville, mort annoncée d'un paquebot !
En décembre 2012, nous pouvions lire dans la presse que le paquebot belge Charlesville serait vendu à une société de démolition de Klapeida, en Lituanie. Ce paquebot, dernier symbole de l'histoire des relations belgo congolaise serait sur le point de rendre son dernier souffle marin après plus d'un siècle de loyaux services rendus aux belges qui se rendaient au Congo belge, alors leur colonie.
Toutefois, le bateau ne serait pas encore détruit et toute personne intéressée pourrait l'acheter pour un EURO symbolique (voir infra)! L'offre devrait expirer au moment où ces lignes sont écrites.
LA COMPAGNIE MARITIME BELGE
Ce paquebot faisait partie de la flotte de la Compagnie Maritime Belge (CMB) qui a compté jusqu'à 36 navires dont les plus célèbres sont la série des Albertville, Élisabethville, Léopoldville et Thysville.
La CMB a vu le jour en janvier 1895 sous l'impulsion du roi Léopold II qui voulait créer un « cordon ombilical » entre «sa» colonie et la Belgique via le port d'Anvers. La CMB a ainsi exploité cette ligne maritime avec succès reliant des villes congolaises comme Boma et Matadi. La CMB a exploité d'autres liaisons vers l'Amérique du Nord et du Sud.
DESTINATION CONGO
En 1925, il y avait un départ toutes les 3 semaines. Le Thysville est un paquebot de 8.178 tonnes. Il mettait vingt jours pour arriver à destination. Trois grands paquebots assuraient un service régulier entre Anvers et le Congo (Anversville, Élisabethville et le Thysville).
Les escales régulières étaient :
- La Pallice (France) Port autonome de la Rochelle
- Teneriffe (Iles canaries)
- La Pallice (France) Port autonome de la Rochelle
- Teneriffe (Iles canaries)
- Casablanca
- Dakar
- Conakry (Colonie de Guinée française / République de Guinée)
- Grand Bassam (Afrique orientale française / Côte d'Ivoire)
- Boma
- Dakar
- Conakry (Colonie de Guinée française / République de Guinée)
- Grand Bassam (Afrique orientale française / Côte d'Ivoire)
- Boma
- Matadi
Tintin a eu la chance d'embarquer sur le Thysville pour sa deuxième aventure et de bénéficier de toutes les commodités à bord, ce qui n'était pas le cas pour tout le monde.
BOMA, PREMIER ARRÊT AU CONGO... MATADIi
À Boma, Tintin et Milou y ont fait escale comme tous les autres voyageurs. Boma a été la capitale du Congo.
Boma disposait d'un petit pier et ressemblait à un grand jardin dominé par la Résidence du gouverneur et parsemé de villas bureaux et de villas habitation. Ces villas étaient toutes du même type " colonial " (brique ou tôle, toit qui s'avance, véranda, stores, toile métallique aux portes et aux fenêtres (contre les moustiques) et parfois un étage. La capitale fut transférée en 1926 de Boma à Léopoldville. Ce qu'il y avait de plus beau à Boma c'était la nature. À Boma, pendant huit mois de l'année, il fait 35° à l'ombre. La main colle au papier, l'eau ruisselle du front. Il faut sans arrêt tordre les draps du lit au matin tant ils sont saturés de transpiration.
Il fallait compter encore trois heures environ de bateau de Boma à Matadi.
À Matadi, le fleuve n'a plus que 900 mètres de largeur. Les eaux deviennent tourmentées et rapides entre les rives élevées (150 m à 200m). À l'époque, Matadi était une petite ville accrochée à la colline abrupte et rocailleuse.
Matadi signifie " rocher "; c'est le même mot que " Matari " dans le surnom donné à Stanley "Boula Matari" (celui qui fait sauter les pierres). Ce mot est devenu universel au Congo pour désigner le Gouverneur général (et par extension tous les fonctionnaires petits et grands).
LE CHARLESVILLE, COUSIN DU THYSVILLE
Le Charlesville n'est apparu sur les mers qu'en 1950 (date de sa construction) et a navigué entre Anvers et Matadi jusqu'en 1967. Il fut ensuite déclassé pour finir comme hôtel flottant à Rostock (Allemagne). Le Charlesville, lointain cousin du Thysville est le dernier des Mohicans de la CMB et de cette ligne maritime mythique avec l'Afrique.
Il est aussi un des derniers à avoir fait la liaison entre Anvers et Matadi en transportant des passagers. L'Albertville 6, l'Élisabethville et le Léopoldville ont été mis à l'arrêt plus tard. Le Charlesville fait partie encore de ces paquebots qui font rêver.
LES PAQUEBOTS
À l'origine, le terme «paquebot» désigne des bateaux chargés de transporter du courrier. Il est né de l'union de deux mots anglais: «boat» = bateau et «packet» = paquet de dépêches. Ces navires permettaient la liaison entre différents pays et préfiguraient, en quelque sorte, ce que sera l'Aéropostale aux grandes heures de l'aviation.
Les premiers paquebots reliaient la France à l'Angleterre grâce aux ports de Calais et Douvres. Ils effectuaient un service de poste tout à fait efficace quoique, forcément, un peu long. Rapidement, les armateurs se rendirent compte qu'un même bateau pouvait transporter à la fois du courrier et des passagers. Au milieu du dix-huitième siècle naquirent les premiers vrais paquebots, qui se contentaient de courtes distances.
À la ligne Calais - Douvres, succédent d'autres liaisons notamment vers la Hollande. Ce mode de transport prend rapidement de l'ampleur. Non seulement le bateau est le seul moyen pour atteindre l'Angleterre mais, de plus, il permet un voyage dans des conditions agréables. Les paquebots sont de mieux en mieux aménagés et certains deviennent des endroits très luxueux où aime se retrouver une riche clientèle.
Dans un premier temps cela ne concerne que l'Europe. Mais, les progrès techniques aidant, il devient possible d'envisager de relier le vieux continent à l'Amérique ou à l'Afrique grâce à de puissants paquebots. Il faut, ni plus ni moins, construire des bateaux capables de naviguer sur les mers avec plus de cent passagers à leur bord.
Le Thysville sur lequel Tintin a voyagé était capable de prendre à son bord plus de 200 passagers sans compter l'équipage.
CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES DU THYSVILLE (paquebot mixte)
- Longueur : 134,11 m
- Largeur : 17,32 m
- Tonnage : 8 176 tx
- Propulsion : vapeur, 1 hélice
- Vitesse : 15 noeuds
- Sister-ship : Elisabeth II
- Largeur : 17,32 m
- Tonnage : 8 176 tx
- Propulsion : vapeur, 1 hélice
- Vitesse : 15 noeuds
- Sister-ship : Elisabeth II
Le Charlesville, quant à lui pouvait transporter 248 passagers et 140 membres d'équipage.
CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES DU CHARLESVILLE (paquebot mixte)
- Longueur : 153,66 m
- Largeur : 19,60 m
- Tonnage : 10 901 tx
- Propulsion : 1
- Vitesse : 16 nœuds (30 km/h)
- Largeur : 19,60 m
- Tonnage : 10 901 tx
- Propulsion : 1
- Vitesse : 16 nœuds (30 km/h)
SAUVÉ DE LA CASSE ?
Une campagne médiatique fut lancée en janvier 2013 dans une tentative ultime de préservation du navire pour la Belgique. Le 14 janvier 2013 une délégation anversoise visita le navire et insista auprès des autorités allemandes pour protéger ce patrimoine. Le Land allemand de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale aurait accepté de céder le bateau pour le prix symbolique d'un euro à l'ASBL Watererfgoed Vlaanderen moyennant certaines garanties de l'État fédéral, la Région flamande et la ville d'Anvers. Le navire pourrait être bientôt remorqué à Anvers.