Le soleil nous sauvera tous !

Un exploit qui dure beaucoup plus que 26 heures ?

8 juillet 2010. Payerne, au sud-ouest de Berne, capitale de la Suisse. Il est 9 heures du matin (heure locale). Après un vol de 26 heures et 9 minutes, Solar Impulse atterrit en douceur. Les assistants réalisent-ils vraiment qu'ils vivent un moment historique ? En réalité, le projet Solar Impulse a duré plus de 26 heures. Onze ans, très exactement ! C'est en 1999 que Bertrand Piccard (petit-fils du professeur Piccard, rendu célèbre par sa ressemblance avec Tournesol) jette les bases du projet. En 2003, associé à un ancien pilote de chasse suisse, André Boschberg, Piccard lance le défi : construire un avion mû par la seule énergie du soleil. Une étude de faisabilité est menée à l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne. Il faudra encore six ans avant de pouvoir présenter « en vrai » le premier avion solaire, le HB-SIA, le 26 juin 2009. Un premier vol de 87 minutes est effectué, le 7 avril 2010.

Connaissez-vous bien le soleil ?

Quelques chiffres et faits à retenir à propos du soleil.

Sa nature et sa température : le soleil est une étoile, brillante, en perpétuelle activité. Il est 330 mille fois plus grand que la Terre. A sa surface, la température monte jusqu'à 6 000 ° Celsius. Rien de ce qui existe sur Terre ne résisterait à une température pareille !

Sa composition : l'hydrogène y est majoritaire : 92 % de son volume. Le reste (environ 7 %), c'est de l'hélium  -  ce gaz qui fait voler les ballons et vous donne une voix de Mickey quand vous en inhalez (expérience à déconseiller) !

Son âge : les scientifiques estiment que le soleil s'est formé voici 4,5 milliards d'années. Une étoile d'âge mûr ! On croit, en effet, que cette étoile est au milieu de sa vie. Elle nous rendra encore de chaleureux services pendant les 4,5 milliards d'années prochaines !

Sa distance de la Terre : nous sommes les banlieusards du Soleil, qui n'est éloigné « que » de 150 millions de kilomètres. Le Space Shuttle (la navette spatiale américaine) atteint une vitesse de 28 000 km/h  -  il lui faudrait donc 5 357 heures pour relier la Terre au Soleil, soit quelque chose comme 7 mois.

Le Soleil, une énigme ? Nous le connaissons de mieux en mieux, mais le soleil tente de conserver quelques secrets. C'est le cas pour les taches solaires (des taches plus sombres, qui apparaissent et disparaissent à sa surface) et pour les conséquences des éruptions solaires que l'on peut voir avec un télescope. Ces éruptions ne sont pas qu'une sorte de crise d'acné !

Les différents noms du Soleil : les Grecs ne parlaient que d'Hélios. Sol en latin (demandez son avis à Tournesol !). Pour les Incas, c'était Inti. En anglais ? Sun. En néerlandais: zon. Allemand : Sonne. En fait, de toutes les étoiles connues, le Soleil est celle qui a le plus de noms, selon la langue qui est parlée !

Angoisse : et si le soleil disparaissait ?

Il ne faut même pas envisager ce cas : nous disparaîtrions immédiatement !

Les preuves :

Si un épais nuage de poussière entourait la Terre, il faudrait moins de deux ans pour que la vie, telle que nous la connaissons, disparaisse. Cela vaut pour les êtres vivants, mais aussi pour les plantes. C'est déjà arrivé ! On croit de plus en plus que la subite disparition des dinosaures (il y a 65 millions d'années) est due à un nuage de poussière compact qui ne permit plus aux rayons du soleil de toucher le sol. La densité thermique, à la surface de la Terre (c'est-à-dire, la chaleur au sol), est à 99,8 % d'origine solaire. C'est ce subtil équilibre de chaleur et de lumière, venus du soleil, qui permettent l'apparition de l'eau et de la vie. La rotation de la Terre sur elle-même (en 24 heures) permet une répartition harmonieuse de la lumière et de la chaleur. C'est une particularité de la Terre : sur une planète comme Venus, la deuxième planète la plus proche du Soleil (après Mercure), la température au sol peut monter jusqu'à 500 ° ! Sans soleil, les plantes meurent très vite. Elles emmagasinent la lumière et la chaleur du soleil et les transforment en énergie vitale. Or, les plantes restent la base de l'alimentation des créatures vivantes. C'est pourquoi, il est tellement important de préserver les équilibres naturels et la biodiversité (c'est-à-dire, les conditions de survie de toutes les espèces, qui participent à l'équilibre de la vie sur Terre).

Solar Impulse : est-ce vraiment important ?

Important : le projet Solar Impulse tend à montrer qu'il y a moyen de créer des avions (et des moyens de déplacement) qui n'ont pas besoin de pétrole, de gaz ou autres sources d'énergie non-renouvelable.

Des faits qui font peur : certaines sources d'énergie deviennent de plus en plus rares (mazout, gaz...), de plus en plus chères (l'énergie atomique a aussi besoin d'autres sources d'énergie), polluantes (voyez, à titre d'exemple, la catastrophique marée noire, toute récente, dans le Golfe du Mexique... et ailleurs), sources de guerres (pour contrôler les gisements de pétrole, par exemple). Ce sont vraiment des énergies sales à tout point de vue !

Avions solaires : les plus et les moins

Plus : les avions sont d'énormes consommateurs d'énergie. Solar Impulse veut prouver qu'une énergie gratuite (la lumière du soleil) peut résoudre de nombreux problèmes : approvisionnement en énergie (nous avons 4,5 milliards d'années d'énergie solaire devant nous !), absence de pollution (pas de rejets d'oxyde de carbone), etc.

Moins : jusqu'à présent, Solar Impulse ne transporte qu'une seule personne, en raison du poids de l'engin, calculé au plus juste. Pour ceux qui considère que l'avion, c'est « l'oiseau des vacances », il faudra encore s'armer de patience. Mais il y a à peine 20 ans, seuls les auteurs de science-fiction croyaient qu'un avion pourrait voler grâce à l'énergie solaire. Et il y a un peu plus d'un siècle, on traitait de fous ceux qui pensaient que l'homme pourrait faire voler un « plus lourd que l'air » !

Solar Impulse : sa carte d'identité !

Nom officiel : HB-SIA

Âge : première présentation du HB-SIA, le 26 juin 2009

Envergure : 63,40m

Longueur : 21,85 m

Hauteur : 6,40 m

Poids : 1 600 kg

Moteurs : 4 moteurs électriques de 10 chevaux vapeur, chacun

Nombre de cellules photovoltaïques : 11.628 (10 748 sur les ailes ; 880 sur le stabilisateur horizontal)

Vitesse moyenne du vol (8 juillet 2010) : environ 40 km/h

Vitesse maximale : 70 km/h

Altitude maximum : 8 500 m

Projets d'avenir : traversée de l'Atlantique (prévu en 2011) et tour du monde (prévu en 2013) - mais avec un nouvel appareil, le HB-SIB

Les deux secrets de Tintin... et d'Hergé

L'origine de Tournesol. Tryphon Tournesol n'est pas le premier savant farfelu dans les aventures de Tintin : il y eut déjà Philémon Siclone dans Les Cigares du Pharaon. Hergé avait choisi ce nom, parce que « Siclone » évoquait à la fois un phénomène météorologique (le cyclone) et un clown. Mais le « vrai » Tournesol est basé sur l'aspect du professeur suisse, Auguste Piccard, qui était venu en Belgique comme professeur invité, à l'Université Libre de Bruxelles. Cependant, Tournesol a un autre ancêtre oublié : le professeur, dur d'oreille (aujourd'hui, on dit : malentendant), de la pièce Monsieur Boullock a disparu (décembre 1941), on voit apparaître l'inventeur d'une « machine à découvrir la vérité ». Détail : cet inventeur doit ses difficultés d'audition à un collègue d'Hergé, au journal Le Vingtième Siècle, dont tout le monde s'amusait de ce handicap, créant parfois des quiproquos cocasses !

Une éclipse africaine chez les Incas ? Le 18 février 1905, le commandant belge Lemaire, présent au Congo, apprend dans le magazine Connaissance des Temps qu'une éclipse de lune aura lieu dans la nuit du 19 février. Lemaire et sa petite troupe militaire risque de se faire attaquer par l'armée du sultan M'bio. Le Belge menace de « tuer la lune » si M'bio l'attaque  -  avant l'arrivée de renforts belges... M'bio ne le croit pas, s'apprête à lancer ses troupe quand, soudain, la lune disparaît ! Le sultan implore la clémence de Lemaire, lui offre son amitié et insiste même pour échanger leurs sangs. Cette anecdote a remporté un grand succès populaire en Belgique. Hergé l'a-t-elle classée quelque part dans sa mémoire pour la ressortir, près de 40 ans plus tard, dans Le Temple du Soleil, remplaçant l'éclipse de lune par celle du soleil ? Détectives tintinophiles, à votre tour de jouer !

Quelques références Tintin

La question du pétrole est très présente dans l'œuvre d'Hergé : déjà dans le troisième album, Tintin en Amérique, on voit les ravages sur les populations de l'exploitation du pétrole. Mais c'est surtout dans Tintin au pays de l'or noir que la question des guerres, nées du pétrole, est abordée en profondeur.

Les avions (pas encore solaires !) traversent à peu près tous les albums (à l'exception notable des Bijoux de la Castafiore) : c'est en avion que Tintin quitte le Congo ; un hydravion l'emmène sur L'Étoile mystérieuse ; il risque sa vie dans un avion saboté (Le Sceptre d'Ottokar)... pour ne citer que les épisodes les plus palpitants !