Les rats, prêts à prendre le pouvoir dans les villes ?

Le rat, plus malin que l'homme ?

Plus sensible, certainement. Ouvrez L'Etoile mystérieuse : alors qu'une catastrophe menace la Terre, les rats sortent de leur cachette et prennent la fuite. Ce n'est pas eux qui se laisseraient surprendre par les caprices de la nature : tremblement de terre, tsunami, inondations...

Ne dit-on pas « Les rats quittent le navire », quand ces rongeurs sentent l'approche d'une violente tempête, voire un naufrage ? Mais comment font-ils ? Incroyable, mais vrai : les rats se parlent ! Ils disposent d'un millier ( !) de cris et sons différents qu'ils émettent pour se repérer, signaler la présence ou la proximité d'un danger. En plus, ils émettent des ultrasons, inaudibles par l'homme. Mais ils ont aussi un langage corporel (la position des oreilles, le regard, les mouvements de queue...) et chimique : les odeurs revêtent une importance capitale pour se reconnaître, savoir à quel groupe appartient tel ou tel individu.

Voulez-vous parler rat ?

L'homme n'entend qu'une très petite partie des sons émis par les rats : les feulements (« Attention, danger ! »), les couinements (« J'ai peur »), les grincements de dents (« Je me sens bien », mais aussi : « Cette petite ratte me plaît, nom d'un rat ! »). A part cela, les rats se lancent des milliers de messages en haute fréquence que nos pauvres oreilles humaines ne saisissent même pas. Et ce n'est pas tout ! Ils interceptent parfaitement les ultrasons lancés par d'autres animaux  -  les chats, notamment. Cette ultra-sensibilité aux moindres sons expliquent pourquoi les « rats quittent le navire » avant une catastrophe, alors que les humains ne se rendent compte de rien.

Le rat, plus jeune ou plus vieux que l'homme ?

Les rats parisiens sont plus de 6 millions ; à Bruxelles, les chiffres flirtent avec le million d'individus. Ce n'est rien, comparé à des villes comme Bombay (Inde), Accra (Ghana) ou Rio (Brésil). Une chose est indéniable : les rats sont plus nombreux que les hommes  -  sans doute, dix fois plus nombreux ! Le rat envahit-il le monde des humains ou est-ce le contraire ? En d'autres mots : le rat est-il apparu avant ou après l'homme ? Il n'y a pas qu'une sorte de rats. Le plus ancien, le rat noir, nous vient d'Asie. Et indéniablement, il est plus ancien que l'homo sapiens, la branche de l'évolution à laquelle nous appartenons.

Les rats, un cousin éloigné de l'homme ?

Aussi bizarre que cela puisse paraître, la réponse est OUI ! Comment est-ce possible ? L'être humain et le rat sont des mammifères, c'est-à-dire, qu'ils mettent au monde des êtres vivants, déjà formés  -  contrairement aux ovipares (les pondeurs d'œuf), dont les petits se développent dans un œuf, hors du ventre de leur mère. Or, les mammifères sont apparus il y a quelque 65 millions d'années. Et le plus ancien mammifère connu est le Purgatorius, appelé ainsi parce que son squelette a été découvert dans les Monts du Purgatoire, un pic des Montagnes Rocheuses, aux Etats-Unis. Et à quoi ressemblait le Purgatorius ? A un rat ! Preuve qu'il était malin : il a connu les derniers dinosaures et il leur a survécu ! Pendant des millions d'années, les mammifères se sont diversifiés, donnant à la fois des rats et des hommes... Bienvenue chez nos cousins les rats. Et chez Milou. Et chez le chat de Moulinsart, qui sont aussi des mammifères comme nous.

La mauvaise réputation du rat

Vous voyez un rat. Vous vous enfuyez ? Vous faites face ? Le rat a décidé de suivre l'homme. Parce que l'homme s'est mis un jour à stocker la nourriture  -  le rat a horreur de la nourriture qui traîne. L'homme est un sacré gaspilleur : rien que les déchets qu'il jette représentent des milliards de tonne. Le rat y trouve son bonheur. Les bateaux emportaient des provisions de voyage. Le rat a décidé d'embarquer. Le rat noir est venu ainsi d'Asie, couvert de puces. Et les puces transportaient des microbes qui ont déclenché une épidémie de peste en Europe. Une hécatombe. C'est bien simple, l'homme a failli disparaître d'Europe au 13ème siècle ! La réputation du rat en pris un sale coup. « Rat » est toujours associé à une idée négative. Un « rat d'hôtel », c'est un voleur, qui visite les chambres des autres et vole ce qu'il y trouve. Un « rat », c'est un avare. Un « rat de bibliothèque », c'est un être pas très sympathique, qui passe son temps dans les bouquins. Les légendes et les contes s'y sont mis : les rats, qui infestaient la ville de Hamelin, furent attirés hors de la ville par un joueur de flûte, dont la mélodie hypnotisait les rongeurs. Comme les habitants de la ville ne voulurent pas offrir la récompense promise au joueur de flûte, ce dernier attira tous les petits enfants. Semblables aux rats, ils suivirent le joueur de flûte. Rats et enfants humains se retrouvaient, fascinés de la même manière. Ce qui est bien observé...

La bonne réputation du rat

Certains ont voulu réhabiliter le rat. Dernier exemple : le film Ratatouille, qui met en scène un rat gastronome. A l'Opéra de Paris, les danseuses novices sont appelées des « petits rats », parce que les professeurs leur apprennent à se déplacer aussi silencieusement que des rats. Des chiens, appelés ratiers, ont été dressés à chasser le rat. Des dératiseurs ont accumulé des fortunes en traquant les rats de Paris. Ils se croient malins ? Pas si vite ! Les rats développent des résistances aux molécules se trouvant dans les poisons que l'on cache dans la nourriture des rats. En plus, les rats ne se laissent pas prendre deux fois à un même piège. Le professeur américain Wilson est un grand admirateur de rats : " C'est simple, ces animaux peuvent tout faire : grimper, nager, creuser. Leur corps s'adaptent aux raticides. Ils ont une mémoire visuelle nettement supérieure à celle de l'homme. Ce qui leur permet de s'orienter avec précision ".