Copenhague : la Petite Sirène s'échauffe !
Tintin.com a consacré pas moins de 27 journaux aux questions d'environnement et de sauvegarde de la planète. Normal ! L'œuvre d'Hergé se révèle une incessante prise de conscience des dangers qui nous menacent. A l'occasion de la 15ème conférence des Nations Unies sur le climat, qui se tient à Copenhague, petit tour d'horizon.
Le climat ? Une histoire vieille comme le monde
Si le Sommet de Copenhague affiche le chiffre 15, c'est qu'en toute logique, quatorze conférences l'ont précédé. En réalité, la première conférence mondiale sur le climat s'est tenue à Genève, en 1979. Déjà en cette lointaine année (il y a 30 ans !), l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) conviait les gouvernements à « prévenir et prévoir les changements climatiques d'origine anthropique qui pourraient nuire au bien-être de l'humanité ». Mais la crainte d'un réchauffement climatique remonte à beaucoup plus loin que l'année 1979 : dès 1824, le physicien Joseph Fourier pensait que l'atmosphère terrestre jouait le même était comme les parois d'une serre, gardant la chaleur sur l'écorce terrestre.
La découverte du CO date de... 1859
C'est un Irlandais, John Tyndall, qui identifia le dioxyde de carbone (CO) comme l'un des gaz atmosphériques majeurs dans ce que l'on appellera plus « l'effet de serre ». Nous étions en 1859. Depuis, les hommes ne se sont guère inquiétés des découvertes de Tyndall : plusieurs guerres se sont succédées, qui ont joué leur rôle dans le réchauffement climatique ; l'industrie s'est développée, notamment en Europe et aux Etats-Unis, créant une pollution sans précédent. Il faudra attendre la fin des années 1970 pour que les hommes prennent en compte « le bien-être de l'humanité » - ce qui n'a empêché, ni les guerres, ni l'étalement des industries dans des régions nouvelles, ni les déforestations, ni les gaspillages d'eau et de produits fossiles tels que le pétrole.
Le coup d'accélérateur
Une chose est certaine : le climat n'a pas vraiment mauvais caractère, mais il se révèle imprévisible ! Des réchauffements et des glaciations, il y en a eu beaucoup depuis que la Terre est une planète. A chaque fois, ces bouleversements climatiques ont provoqué des modifications dans l'aspect de la Terre et dans la subsistance des êtres vivants. Des espèces ont disparu, d'autres se sont développées. Les océans se sont étendus, puis ont reculé. L'homme n'est pour rien dans ces accidents de l'évolution ; ce sont des phénomènes sur lesquels nous ne pouvons agir. A moins de pouvoir modifier les caprices du Soleil, ce qui est impossible, alors que le Soleil déclenche toutes les grandes modifications climatiques. Faut-il renoncer à agir sur le climat ? Non, évidemment. Car il y a « l'effet de serre ». Et là, nous pouvons agir. Parfois par inconscience : c'est le laisser aller qui a été le nôtre pendant près de deux siècles. De cette manière, nous avons accéléré les caprices du rayonnement solaire.
Agir !
Il y a une autre manière d'agir, de manière consciente, cette fois. C'est ce que les organisateurs des conférences mondiales sur la climat tentent de faire comprendre aux gouvernants. Les pays les plus pollueurs sont aussi ceux qui détiennent les industries les plus polluantes. Il est donc important que les responsables de ces industries soient contraints d'agir positivement. S'ils ne font rien, la pollution ira en augmentant - or, ces responsables d'entreprises internationales polluantes sont absents du Sommet de Copenhague... Trop souvent, les gouvernements ne veulent pas contraindre les industries... de crainte de les voir s'en aller dans des pays plus laxistes - notamment des dictatures, qui n'ont aucune intention de se soucier de normes de pollution.
Tintin et Hergé l'avaient dit...
Quoi ? Tintin et Hergé avaient prédit ce que nous vivons aujourd'hui ? Certains d'entre vous pensent que le rédacteur de ce journal est aveuglé par son admiration pour l'œuvre d'un certain Georges Remi. Peut-être, mais qui a dit : « Malgré tout, je veux être confiant. On fait partout de gros efforts, parce que les gens, maintenant, sont avertis. La pollution de l'eau, de l'air, la destruction de l'environnement sont des choses épouvantables ! Mais ça va changer, j'en suis persuadé...Aux Etats-Unis, en Suède, partout dans le monde on cherche des solutions. Pour l'auto, par exemple, je suis convaincu qu'on va vers la voiture électrique ; je suis persuadé qu'elle existe déjà virtuellement, que les ingénieurs ont dans leur carton des projets tout à fait réalisables. Mais tant qu'il y aura du pétrole... » ? Hergé, dans ses entretiens avec Numa Sadoul, en 1975 (Tintin et moi, entretiens avec Hergé, Casterman, p. 60), soit quatre ans avant la première conférence mondiale sur le climat.
Des exemples très parlants
L'Etoile mystérieuse (1942) est sans doute l'album le plus prophétique : annonce de la fin du monde, réchauffement inattendu et inaccoutumé, scènes d'inondations (que l'on avait déjà vues dans Le Lotus bleu - 1935)...Tintin au Pays de l'or noir évoque les grandes manœuvres autour du pétrole et la précarité de ce carburant, à une époque (1939, pour la première parution dans Le Petit Vingtième) où tout le monde croyait qu'il s'agissait d'une ressource inépuisable. Remontons même plus loin dans le temps : Tintin en Amérique (1931 !) stigmatise déjà les abus de la société des déchets. Vous avez bien lu : en 1931, alors qu'en 2009, nous nous demandons encore comment commencer à résoudre ce problème !
L'esprit Tintin
Nicolas Hulot et nombre d'écologistes du monde entier ne renient pas le titre de « Tintin moderne ». Cette appellation leur est attribuée par le grand public. Et ce n'est pas une surprise. On se souviendra qu'Hergé fut un fervent adepte du scoutisme, qui, dès sa fondation, célébrait la vie saine, en plein air, dans le respect de la nature et de nos semblables. Il transmit ces valeurs à Tintin. Nous les avons déjà énumérée dans de précédents journaux - résumons-les sous l'étiquette « humanisme ». C'est bien en retrouvant cet humanisme que les êtres humains pourront se sortir de l'étau climatique dans lequel il s'est lui-même enfermé. Car, en finale, c'est bien de respect qu'il s'agit : respect de la nature, respect de la vie des autres, respect des espèces animales, respect de l'environnement. Respect de nous même, en fait. Vous voyez qu'il y a bien des leçons à retirer de la lecture de Tintin !