Tintin en Terre Sainte
Une arrivée par la mer
La première fois que Tintin pose le pied en Terre Sainte, c'est en 1939, soit 8 ans avant le plan de partage de la Palestine (29 novembre 1947) et 9 ans avant la création de l’Etat d’Israël (14 mai 1948).
Dans l’aventure Tintin au pays de l’or noir, le 28 décembre 1939 (prépublication dans Le Petit Vingtième n°52), Tintin embarque sur le Speedol Star en qualité de radio-télégraphiste et débarque à Caïffa (port sur la Méditérranée imaginé par Hergé, en écho à la ville portuaire de Haïfa. Elle est depuis située au nord d’Israël. Il faut savoir également qu’au temps des Croisades et des Mamelouks, elle portait le nom de Caifa ou Caïffe en français.
Caïffa, Haïfa ou encore Khemkhah
Caïffa deviendra « Haïfa » dans la première édition de l’album en 1950.
Haïfa est en fait le port le plus important de la Palestine, sous mandat britannique à l’époque. Tintin s’y rend pour enquêter sur une affaire d’essence frelatée (Tintin au pays de… l’or noir). Haïfa se trouve au nord de la frontière du Liban, au pied du Mont Carmel, dans la baie de Saint-Jean d’Arc.
חֵיפָה en hébreu ; حيفا en arabe
Lors de la refonte de l'album en 1971, Hergé va replacer Haïfa par « Khemkhah » – ce qui veut dire «J’ai froid» en dialecte bruxellois – pour désigner ce port du Khemed, pays arabe sorti tout droit de l’imagination du dessinateur.
Pour ses 90 ans
À l’occasion de son 90ème anniversaire, après Séoul, Barcelone, Bruxelles, et Lisbonne, Tintin s’est envolé pour Tel-Aviv, destination : l’aéroport International Ben Gourion.
Convié par l’Ambassade de France et celle du Royaume de Belgique à l’Institut Français de Tel Aviv pour une représentation sonore en son honneur de ses aventures, pardon,...de son aventure Les Cigares du Pharaon. Tout cela, dans le cadre des semaines de la Francophonie. La performance fit le bonheur des connaisseurs de tous âges.
Le concept du cinéma sonore est un peu à contre-courant, puisqu’il privilégie le son à l’image. Une image qui vient en soutien de la performance et de l’interprétation des comédiens du Français dans un mode slow motion.
Cette prouesse sonore a pu être réalisée grâce à l’aide de France Culture, de la Comédie-Française et de l’Orchestre National de France. Ce bouger immobile « sensurround », consistant à synchroniser les voix, le bruitage, la musique à l’action, case par case, est à l’évidence un panégyrique de l’art d’Hergé sur la manière de raconter une histoire. Un récit sonore immersif qui transporte le public « hypnotisé » dans une dimension hors du temps et totalement atypique. Un peu comme si les yeux du fameux fakir au regard de reptile l’avaient paralysé.
Les rires des enfants jalonnaient les séquences défilant au rythme des voix et de la musique qui rendent hommage au talent du grand maître. Deux heures d’un récit sonore jubilatoire.
Tintin en hébreu
Tintin n’est pas un inconnu dans la cité de Tel Aviv. Il fut un temps où ses aventures étaient publiées en hébreu. Le Sceptre d’Ottokar fut le premier album publié dans la langue officielle de l’état d’Israël en 1964, par l’éditeur MACHBAROT et plus tard, pour 12 autres titres, ce fut par la maison MIZRAHI/MAARIV (à partir de 1987 jusqu’en 2011).
Depuis, ces éditions ont disparu des librairies, car elles se lisaient de droite à gauche (comme l’arabe). Une particularité qui pose la délicate question des images inversées, alors qu’Hergé a créé une syntaxe du mouvement qui privilégie le sens de la lecture.
Un solution adaptée à cette situation serait de proposer partout dans le monde les albums de manière identique et de modifier uniquement le sens de lecture des phylactères pour nos lecteurs israéliens et arabes, sans pour autant modifier la grammaire tintintesque.
Tintin, טינטי se prononce Tinetine.
Notre cher reporter est heureux de partager les photos de son périple avec vous.