TINTIN AU CONGO – Préparer un monde plus fraternel
Épisode 7
Tintin revient au Congo
Le 29 décembre 1969, Clément Vidibio, l’éditorialiste de Zaïre, l’hebdomadaire de l’Afrique Centrale, souhaite de «Bonnes fêtes» à ses lecteurs avec un texte court, mais ô combien admirable d’intelligence sensible, intitulé : Tintin revient au Congo.
Pour lui, si le Congo de Tintin est un « fabuleux pays », « où les hommes bons sont le plus souvent Congolais, et où Tintin, le généreux, luttera contre le mal incarné par un mauvais Blanc », « c’est surtout une sorte de paradis terrestre retrouvé par l’homme blanc (...), où il pourrait, enfin, goûter le bonheur d’une humanité fraternelle. Cette humanité fraternelle, pour Hergé (...), c’est celle des Congolais ».
Ce sentiment amical fut largement évoqué dans le dossier L’Affaire « Tintin au Congo » ou la Rançon de la Gloire, écrit par Ch. Dierick.
À lire : https://fr.tintin.com/books/show/id/25/0/5-l-affaire-tintin-au-congo-ou-la-rancon-de-la-gloire
Cette recherche de sens n’a rien perdu de son actualité et résonne encore aujourd’hui auprès de certains. (Voir Congo, le témoignage du passé et un aperçu de l’avenir).
Mais, d’autres peuvent ne pas partager ce point de vue et y voir tout autre chose :
« Tintin au Congo n'est pas qu'une distraction. Quand Hergé l'écrit, il le fait sans doute "pour faire rire" comme le dit Philippe Goddin, mais il crée, peut-être à son insu, une œuvre politique, faisant partie d'une propagande coloniale qui vise à expliquer et à légitimer, une occupation, tout en en masquant les exactions. »
François-Luc Doyez
https://www.lesinrocks.com/2018/12/14/livres/bd/mais-cest-quoi-le-probleme-avec-tintin-au-congo-111149527/
François-Luc Doyez
https://www.lesinrocks.com/2018/12/14/livres/bd/mais-cest-quoi-le-probleme-avec-tintin-au-congo-111149527/
Hergé, en homme sage, répondait par la rhétorique : « Toutes les opinions sont libres, y compris celle de prétendre que je suis raciste… Mais enfin, soit ! Il y a eu Tintin au Congo, je le reconnais. C’était en 1930…Plus tard, au contraire, dans Coke en stock, - et même si l’on y parle “petit nègre” -, il me semble que Tintin fait assez la preuve de son anti-racisme, non ? »
Numa Sadoul, Tintin et moi, entretiens avec Hergé, Casterman, p. 74
Numa Sadoul, Tintin et moi, entretiens avec Hergé, Casterman, p. 74
Lors de son passage au CHU Saint-Pierre à Bruxelles, le Docteur congolais Denis Mukwege - prix Nobel de la Paix 2018 avec Nadia Murad - évoquait, à propos de Panzi, l’hôpital qu’il a créé, cette nécessité de recréer le paradis au Congo et de permettre aux plus démunis d’accéder aux soins les plus élémentaires.
« Ce qui compte, c’est que nous mettions au centre de nos intérêts et de nos préoccupations l’Homme, non pour ce qu’il possède, mais pour ce qu’il est. »
« Ce qui compte, c’est que nous mettions au centre de nos intérêts et de nos préoccupations l’Homme, non pour ce qu’il possède, mais pour ce qu’il est. »
L’humanité retrouvée est une nécessité élémentaire et un objectif primordial. Hergé et son héros Tintin l’ont bien compris…
Tintin incarne ce don de soi, ce jusqu’au-boutisme, ce geste généreux, ce pas fait vers l’Autre pour lui venir en aide, le sauver ou le protéger et le sortir de l’hostilité.
Tintin incarne ce don de soi, ce jusqu’au-boutisme, ce geste généreux, ce pas fait vers l’Autre pour lui venir en aide, le sauver ou le protéger et le sortir de l’hostilité.
On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc, du noir sur du noir. Chacun a besoin de l'autre pour se révéler… (Proverbe africain).