TINTIN AU CONGO – Sacré Tintin
Épisode 4
Congo, retour au pays !
La dernière planche de Tintin au Congo n’est pas banale : on y découvre sur une pleine page le plan d’ensemble d’un village congolais dont tous les habitants, petits et grands, animaux de compagnie y compris, évoquent avec tristesse le départ du petit reporter et de son fidèle compagnon à quatre pattes. Entre nostalgie, regret et espoir d’un retour, les différents personnages y vont de leurs commentaires plus ou moins appropriés à l’événement.
Plus surprenant, on aperçoit dans le haut de l’image, Tintin et Milou élevés au rang de fétiches ! Objets sacrés, ils feraient désormais partie du groupe ethnique (la tribu), du clan, de la famille. Voilà qui témoignerait alors d’un rituel d’adoration proche de celui du culte des ancêtres.
Plus surprenant, on aperçoit dans le haut de l’image, Tintin et Milou élevés au rang de fétiches ! Objets sacrés, ils feraient désormais partie du groupe ethnique (la tribu), du clan, de la famille. Voilà qui témoignerait alors d’un rituel d’adoration proche de celui du culte des ancêtres.
Aux yeux de certains, une telle « totémisation » pourrait paraître excessive. Pourtant, cette fiction est devenue une réalité que l’on croise fréquemment dans des échoppes et sur de nombreux marchés en Afrique.
Ici, Tintin n’est pas coulé dans du polyester liquide pour être « Césarisé » comme dans Tintin et l’Alph-Art, mais sculpté, avec une touche humoristique non négligeable, dans des essences de bois de la région. Brutes de décoffrages, ces déclinaisons 3D de Tintin et de ses amis, ont un charme local. Elles sont faites avec les moyens du bord, et c’est sans doute ce qui est le plus remarquable. De cette ligne claire revisitée, se dégagent des déformations expressives et une forme d’appropriation culturelle.
Ici, Tintin n’est pas coulé dans du polyester liquide pour être « Césarisé » comme dans Tintin et l’Alph-Art, mais sculpté, avec une touche humoristique non négligeable, dans des essences de bois de la région. Brutes de décoffrages, ces déclinaisons 3D de Tintin et de ses amis, ont un charme local. Elles sont faites avec les moyens du bord, et c’est sans doute ce qui est le plus remarquable. De cette ligne claire revisitée, se dégagent des déformations expressives et une forme d’appropriation culturelle.
Tintin et Milou, façon statuaire africaine… : cette dernière planche de Tintin au Congo prouve en quelque sorte que cet objet « sacré » n’a pas quitté le continent africain et cela, contrairement à beaucoup d’autres œuvres d’art précieuses, vénérées et inestimables qui ont rejoint des collections publiques ou privées étrangères, alors qu’elles faisaient partie intégrante du patrimoine culturel du Congo ou de l'Afrique !!!
Vaste débat qui fait plus que jamais la manchette des journaux tant au niveau fédéral belge qu’international.
Voici quelques exemples de unes :
Faut-il restituer les objets sacrés du Congo aux Congolais ? (Le Soir du 26 septembre 2018)
Faut-il restituer les oeuvres d'art issues de la colonisation ? (L’Echo du 22 novembre 2018)
Restitution des biens culturels mal acquis : à qui appartient l’art ? (Le Monde du 4 janvier 2018)
La France a commandé un rapport sur la question et plus de 40.000 œuvres d’art seraient concernées par un retour temporaire ou définitif. La Belgique n’est pas en reste sur cette question à l’heure de l’ouverture du Musée royal de l’Afrique centrale.
L’Afrique pillée... déchue de 85% à 90% de son patrimoine artistique ou culturel. Sont visés en priorité les « objets mal acquis » mais les procédures de restitution pourraient porter aussi sur un ensemble plus large d’objets ramenés, échangés ou achetés par des aventuriers, voyageurs, archéologues bien intentionnés ou non. Si la faisabilité de la chose est envisageable pour les artéfacts (biens culturels et « cultuels ») des collections nationales ou fédérales gérées par des musées publics, plus compliqué serait le retour forcé d’œuvres de collectionneurs privés.
La restitution serait un acte fort pour la poursuite d’une décolonisation des esprits. À l’évidence, la restitution des restes humains s’impose immédiatement. On devrait arriver à la même conclusion pour les objets volés ou spoliés. La conscience historique est un apprentissage de tous les jours, surtout à un moment où les équilibres de la mondialisation sont fragiles. Pourquoi ne pas prendre exemple sur le continent africain en fondant nos actions avant tout sur les liens sociaux, plutôt que de mettre l’accent sur l’économie à tout prix en épuisant les ressources !
Cette restitution enverrait un signal clair et immédiat de rupture radicale. Le futur nous dira ce que les grands sorciers auront prévu de faire.
« On ne peut prédire que le passé... » (Ernest Labrousse).