L'homme, ce singe dénaturé » (E. Rostand)
Au cœur des forêts, les gibbons, les gorilles ou encore les sapajous, se sentent en sécurité. Sautant d’arbre en arbre, ils sillonnent les étendues boisées. En apparence, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. La réalité est tout autre: les zones forestières diminuent à vue d’œil et nos cousins les primates ont de moins en moins d’espaces pour vivre.
Une dégringolade sans précédent
Toutes sortes d’activités humaines menacent l’équilibre de la nature et exercent une pression sur l’habitat des singes. Encore un canular, me diriez vous, répandu par des propagandistes écologistes ! Cependant, cette plaisanterie est belle et bien une vérité scientifique puisque selon une étude menée par 31 primatologues du monde entier et publiée dans Science Advances, 60 % des espèces de singes sont en danger d’extinction d’ici 25 à 50 ans et 75 % des populations sont déjà en déclin. « C’est un cumul des facteurs qui conduisent à ce drame écologique. Tout est lié quand on parle des primates. C’est évidemment la perte et la dégradation de l’habitat qui est le facteur le plus important, et ensuite, c’est parce qu’il y a cette dégradation de l’habitat qu’on a une contamination des singes par les pathogènes humains. C’est parce que les hommes pénètrent l’habitat naturel qu’il y a du trafic… » constate la primatologue Audrey Maille.
« Loin d’être anecdotique, la disparition des primates de la surface de la Terre aurait des conséquences très graves sur l’espèce humaine », explique la primatologue Shelly Mas. « Les singes, on les appelle les jardiniers de la forêt. C’est grâce à eux que la forêt se régénère. Et la forêt tropicale est le poumon de la terre ». Au-delà de la survie des singes, nous touchons donc à la pérennité de l’espèce humaine.
L’homme devient son propre prédateur…Non content déjà de tuer ses semblables, le voilà sur le point d’anéantir ses cousins les primates (l’homme n’est-il pas un grand singe modifié (grand % d’ADN en commun entre l’homme et les singes).
D’ici quelques années, les parents qui demanderont à leurs progénitures « d’arrêter de faire le singe », cela n’aura plus de sens… Finis les gibbons, les gorilles ou encore les sapajous. Les générations à venir les découvriront uniquement dans les livres.
Les singes, mais pas que….
Après les tigres, les éléphants, les girafes, c’est donc au tour de nos cousins d’être menacés d’extinction.
Et une nouvelle étude publiée dans Nature Climate enfonce le clou. Selon les chercheurs plus de 700 mammifères et oiseaux sont menacés d’extinction. La raison ? Le réchauffement climatique, la trop grande empreinte écologique de l’homme sur la terre, l’agriculture excessive, la déforestation, les cultures intensives, les travaux d’infrastructure routière… . Les causes de la disparition de nos cousins les primates peuvent s’appliquer à de nombreuses espèces.
Un peu d’espoir !
« C’est la onzième heure pour beaucoup de ces créatures, plusieurs espèces, comme le lémur à queue annelée, le colobe rouge d’Udzungwa, en Tanzanie, le rhinopithèque brun ou le gorille de Grauer, ne comptent plus que quelques milliers d’individus. Dans le cas du gibbon d’Hainan, en Chine, il reste même moins de trente animaux » juge dans Le Monde Paul Garber, professeur d’anthropologie à l’université de l’Illinois (États-Unis), qui a codirigé l’étude.
Mais tout n’est pas perdu d’avance, des solutions sont envisageables ! Réduire l’empreinte écologique des populations locales, étendre les zones protégées, la reforestation, développer l’écotourisme… sont toutes des possibilités envisageables pour préserver un écosystème fragile. « Il s’agit de construire des économies locales fondées sur la préservation des arbres, en développant par exemple l’écotourisme autour des primates. Et former les communautés, en particulier les décideurs et les jeunes, aux programmes de conservation » explique toujours le Professeur Paul Garber.
L’avenir n’est donc pas tout noir, des possibilités s’offrent à nous pour sauver ces espèces que nous avons précipitées à leur perte.
L'homme, ce singe dénaturé » (E. Rostand)
Une des scènes les plus extraordinaires ou controversées jamais imaginées par Hergé est celle où Tintin occit un chimpanzé d’un coup de fusil, écorche le cadavre de la malheureuse bête, se revêt de sa peau et, ainsi déguisé, grimpe dans un arbre afin de délivrer ce pauvre Milou. Le fox-terrier vient d'être enlevé par un autre singe de la même famille et apparemment, il n’a jamais vu un chien de sa vie. Le résultat de cette véritable régression biologique est que Tintin peut rejoindre le « dognappeur » dans son arbre sans éveiller le moindre soupçon de sa part et qu’il puisse entamer tout un dialogue avec l’anthropoïde ravisseur. Cette discussion « au sommet » se déroule d’ailleurs dans un français grammaticalement irréprochable et se révèle fructueuse, puisqu’elle aboutit à l’échange du petit Milou contre le joli casque colonial porté par Tintin, toujours aussi coquet alors même qu’il est affublé d’une peau de singe. En remontant ainsi l’arbre généalogique de son espèce, l’être humain, en la personne de Tintin, a, littéralement et métaphoriquement, rejoint l’animal, son cousin, son ascendant. C’est justement cette retrouvaille qui rend possible l’échange de vues entre le petit reporter et le chimpanzé. L’animal et l’humain se comprennent au point d’arriver à un accord satisfaisant pour les deux parties, encore que la rencontre se termine par une sérieuse distribution de baffes et de horions…
Il est vrai que cette scène peut, à juste titre, se révéler très cruelle (même si Hergé ne dévoile aucune image sanguinolente épargnant ainsi le jeune lecteur de toute atrocité gratuite) mais elle témoigne aussi d’une métaphore quasi filmique de la part de l’auteur : le héros avec la peau de singe porte « son origine » en étendard ! A l’heure où la religion fait un retour en force et le créationisme rempile dans la foulée …une piqure de rappel est souhaitée et bénéfique.
Merci Hergé!
Typologie / Arbre philo- hominidés
Place de l'homme dans le groupe des primates