BELVISION - Le Hollywood européen du dessin animé

1954. La télévision belge a tout juste un an et se demande comment attirer les enfants devant le petit écran. Karel Van Milleghem, le rédacteur en chef de Kuifje, l’édition flamande du journal Tintin, lance l’idée de réaliser des dessins animés de Bob et Bobette, dont les aventures paraissaient alors dans l’hebdomadaire des 7 à 77 ans. Raymond Leblanc, le fondateur du journal Tintin, pressent que la télévision est un média d’avenir et investit dans la création d’un studio de dessins animés dont les héros seront les personnages vedettes de son magazine. Les premiers films produits pour la télévision belge sont créés à partir des cases des albums de Bob et Bobette de Willy Vandersteen dont les animateurs gomment les phylactères. Ils seront rapidement suivis par une centaine d’épisodes animés tirés des aventures de Tintin…

Mais Raymond Leblanc rêve de conquérir le monde avec des longs métrages. Il s’associe aux Américains Norman Prescott et Fred Laderman pour produire Pinocchio dans l’espace en 1965. Installé dans le célèbre immeuble Tintin de la gare du Midi, à Bruxelles, Belvision va devenir le seul concurrent de Walt Disney sur le marché européen avec les classiques d’Astérix le Gaulois, Astérix et Cléopâtre, Tintin et Le Temple du Soleil, Tintin et le lac aux requins, Daisy Town ou La Flûte à Six Schtroumpfs…

Pour la première fois, un album-souvenir rend hommage à travers de nombreux documents inédits aux artistes et techniciens qui ont écrit la saga de Belvision. Au départ d’archives, d’images rares et de témoignages, ce beau livre signé par le journaliste Daniel Couvreur en collaboration avec Paulette Smets, révèle les arcanes et les secrets oubliés des studios de Bruxelles. En bonus de l’ouvrage, deux DVD font revivre ces temps pionniers du long métrage animé européen : le documentaire Belvision, la mine d’or au bout du couloir de Philippe Capart et le merveilleux Pinocchio dans l’Espace de Ray Goossens.

Belvision a produit à partir de 1959, plusieurs adaptations des aventures de Tintin. À commencer par Objectif Lune (qui reprend également la trame d'On a marché sur la Lune). Suivirent L'Île Noire, Le Crabe aux Pinces d'Or, L'Étoile mystérieuse, Le Secret de La Licorne, Le Trésor de Rackham le Rouge et L'Affaire Tournesolqui fut présenté parfois comme un long métrage à part entière. Chaque aventure était découpée en épisodes de 5 minutes, précédée d'un résumé et suivie de l'annonce de l'épisode suivant dans un suspense insoutenable. Les sept aventures adaptées comptent au final 50 épisodes de 5 minutes. Plusieurs libertés ont été prises dans l'adaptation et la qualité scénaristique était parfois faible.