Saint Nicolas : l'autre Père Noël
Tintin est né en Belgique : normal qu'Hergé ait fait souvent allusion à saint Nicolas, patron des enfants belges. Voici un journal qui reprend les illustrations oubliées réalisées par Hergé pour cette fête. Et quelques informations sur un saint, qui se révèle l'ancêtre de Père Noël !
Connaissez-vous la légende de saint Nicolas ?
Nicolas de Myre vécut au 4ème siècle. Il voyageait beaucoup et se préoccupait du bien-être des enfants. A cette époque, les enfants subissaient de nombreuses brimades. L'empire romain était devenu très pauvre et les enfants étaient considérés comme des bouches inutiles. Un boucher avait trois enfants. Il les tua, les découpa et jeta les morceaux au saloir, afin de vendre cette viande fraîche mais humaine... Nicolas passa par là et demanda à se faire servir un repas. Il voulut absolument consommer de la viande mise au saloir. Effondré, le boucher avoua son crime. Nicolas étendit la main au-dessus du saloir et aussitôt, les enfants furent reconstitués et s'éveillèrent comme à la suite d'un long sommeil.
Saint Nicolas, international
Même s'il est devenu le patron d'un nombre impressionnant de métiers, Saint Nicolas reste avant tout le bienfaiteur des enfants. C'est à ce titre qu'il est fêté en Belgique, aux Pays-Bas, au Grand-duché de Luxembourg, en Allemagne, en Flandre française, en Franche-Comté, en Alsace, en Lorraine, en Allemagne, Autriche, Suisse, Croatie, Hongrie, Pologne, Tchéquie, Roumanie, Slovaquie, Suisse, en Russie (dont il est le saint patron) et même certaines régions du Royaume-Uni. Sa fête se situe généralement le 6 décembre, parfois le 5 décembre. Cette différence s'explique par le fait que le grand saint fait sa tournée dans la nuit du 5 au 6 décembre. Il dépose des cadeaux dans les maisons et... punit les enfants qui n'ont pas été sages pendant l'année écoulée !
Saviez-vous que...
- Saint Nicolas est parfois accompagné. Le plus souvent, c'est le « Père Fouettard », chargé de distribuer les punitions aux enfants méchants. Mais en Allemagne, c'est « Knecht Ruprecht », un serviteur qui descend du ciel sur une luge. En Alsace, il porte le nom de « Hans Trapp ». Au Grand-duché : « Housecker », un personnage mystérieux dont on ne voit jamais le visage. En Autriche, ce sont des diables appelés « Krampus » ou des « Schab », personnages qui portent des antennes sur la tête et qui agitent un fouet. On retrouve le « Krampusz » en Hongrie.
- Saint-Nicolas s'appelle aussi « Sinterklaas » aux Pays-Bas et en Flandre belge. Au Grand-duché de Luxembourg, son nom est « Zinnikleeschen ». Allemagne : « Niklaus », « Klas » ou « Bullerklas », selon les régions. Autriche : « Nikolo » ou « Niglo ». Hongrie : « Szent Miklos » ou « Mikulas ». Pologne : « Mikolajki ».
- Au Pays-Bas, « Père Fouettard » s'appelle « Zwarte Piet », le « Pierre noir ». Ce fouetteur est souvent incarné par un Noir ou un homme au visage barbouillé de noir. Afin de ne pas offenser les Africains, on explique aujourd'hui que « Père Fouettard » est noir parce qu'il passe le premier dans les cheminées et se retrouve tout couvert de suie. Il faut dire qu'aux Pays-Bas, « Zwarte Piet » donnait une image très négative des Noirs : stupide, commettant bêtise sur bêtise, l'image même de la brute épaisse ! Or, le « Père Fouettard » noir n'a rien à voir avec l'Afrique !
Les origines et les transformations de saint Nicolas
Certains observateurs se sont étonnés : Nicolas de Myre aimait et protégeait les enfants. Or, dans les traditions européennes, saint Nicolas est souvent accompagné d'un être méchant, punisseur. Il semble que la personnalité du saint Nicolas que nous connaissons ne corresponde pas du tout à celle de Nicolas de Myre. Les spécialistes des vieilles traditions ont leur idée. Ils croient que les peuples païens d'Europe, convertis au christianisme, ont cherché un remplaçant à l'ancien dieu scandinave, Odin. Ils l'auraient trouvé dans la légende de saint Nicolas. Odin se déplaçait à cheval (nommé Sleipnir) et était accompagné de deux corbeaux, oiseaux au plumage noir. Plus on remonte vers le nord, plus souvent on rencontre un saint Nicolas à cheval, accompagné de deux « Zwarte Piet » (Pierre noirs). Dans les pays anglo-saxons, saint Nicolas s'appelle Santa Claus - sauf que ce nom y est attribué au personnage que nous connaissons en français sous le nom de Père Noël ! Une fête qui tombe le 25 décembre. Les pays de tradition protestante étaient opposés à un saint catholique, parce que les Protestants refusent de reconnaître les saints, personnages qui ne sont pas d'origine biblique. Le Père Noël est donc un personnage « laïque » appelé à remplacer un Nicolas catholique. Mais l'ultime vengeance de saint Nicolas, c'est qu'il a conservé son nom, Santa Claus, pour le donner au « Père Noël » !
Saviez-vous que...
- Hergé n'a pas illustré que la fête de Saint-Nicolas. On lui doit aussi des dessins pour les fêtes de Noël et de Pâques. On voit nombre de ces dessins au Musée Hergé, à Louvain-la-Neuve.
- Les illustrations sont d'inspiration très chrétienne. C'est normal : les plus anciens dessins concernant Saint-Nicolas, Noël et Pâques ont paru dans Le Petit Vingtième, supplément du quotidien ultra-catholique, Le Vingtième Siècle. Mais au fil du temps, les symboles chrétiens (églises, croix, crèche de Bethléem, etc) disparurent pour célébrer principalement la paix entre les peuples et l'amitié entre les êtres humains. On le voit notamment sur les couvertures du journal Tintin, dans les années 1960.
- Les illustrations sur le thème de la Saint-Nicolas ont aussi servi pour des publicités (l'une d'entre elle est exposée désormais à l'entrée de la gare du Luxembourg, à Bruxelles) et des décorations de grands magasins.