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Autoriser les cookiesTintin au pays des Soviets (1930) - Page 94
Nous sommes le 10 janvier 1929, à Bruxelles. Accompagné de son chien Milou, un tout jeune reporter monte dans le train à destination de Moscou. Pour Tintin, c'est le début d'une grande aventure. Pour Hergé, c'est le vrai début de sa carrière. Les Aventures de Tintin, reporter du Petit Vingtième au pays des Soviets paraîtront sous forme d'album en 1930. Cette année marque la naissance d'un mythe qui n'est pas près de s'éteindre, et les premiers signes d'une troublante confrontation entre la fiction et la réalité.
Un exemplaire de la première édition de 1930 vaut aujourd'hui une petite fortune. L'épisode n'a pas été réédité en album avant 1973 ! Et il a fallu attendre 1981 pour voir paraître une édition "grand public" en fac simile.
Notre héros, accompagné dès la première case par Milou, part comme reporter en Russie. Sa mission : tenir les jeunes lecteurs du journal Le Petit Vingtième au courant de ce qui se passe en Union Soviétique. C'est la naissance d'un mythe dans un album qui deviendra, lui aussi, mythique...
Il faut le souligner, Milou, le fidèle compagnon du reporter, est à son poste dès le premier dessin.
L'animal parle, réfléchit et assiste son maître avec un sérieux qui nous fait sourire à chaque intervention.
La scène mérite d'être signalée : Tintin, le grand reporter, ne produira qu'un "papier" dans toute sa carrière ! Mais quel "papier" !
Son reportage ne sera pas seulement lu par les lecteurs du Petit Vingtième, mais par des millions d'admirateurs dans le monde entier.
Les personages de Tintin et de Milou ne sont encore que les esquisses des héros qu' Hergé développera dans ses albums à venir.
Et le scénario de cette aventure n'est en fait qu'une longue course-poursuite pas très logique. Tintin au pays des Soviets c'est surtout une fuite en avant : les lecteurs sont entraînés à travers la Russie à un rythme qui coupe le souffle; en voiture, en train, en bateau et en avion.
Les animaux jouent un très grand rôle dans le monde de Tintin. Dès les Soviets, ils sont nombreux à prendre part à l'aventure. Hergé s'inspire de l'œuvre du grand animalier français Benjamin Rabier pour ses tous premiers dessins d'animaux.
"Dans ma jeunesse, j'ai beaucoup admiré Benjamin Rabier. Et j'avais un tel souvenir de ses dessins que j'ai dû y penser, en effet, en dessinant mes animaux". (Numa Sadoul, Tintin et moi, Casterman 2000, p. 119)
Le lecteur attentif de Tintin au pays des Soviets peut y découvrir des scènes qu'Hergé développera plus tard dans d'autres aventures.
Regardez par exemple ces deux cases et admirez comme le style de l'auteur a évolué entre les Soviets et Le Trésor de Rackham le Rouge...
Casterman a longtemps hésité avant de rééditer cette œuvre qui, bien qu'étant historique, était aussi très liée à une époque bien déterminée et pratiquement inconnue par les jeunes lecteurs.
Tintin au pays des Soviets, c'est aussi le seul album de Tintin qui a été édité avec une planche qui a disparu ! Regardez les pages 101 et 102 de l'édition moderne. Eh bien, entre les deux il manque la planche que nous publions ici. Celle-ci avait été publiée dans Le Petit Vingtième, mais ne fut pas reprise dans l'album de 1930...
La version couleur n'a pas apporté grand chose sauf la version luxe plus explicite sur le reporter qui servit de modèle pour Tintin. Me manque dans ma quête : l'édition 1969 et le rarissime n°60 de Noël 1929 du Petit vingtième qui contient la page manquant à l'album.
http://www.actuabd.com/ETIENNE-POLLET-Un-point-de-vue-autorise-sur-la-reedition-de-Tintin-au-pays-des
"Tintin au pays des Soviets" en couleurs: le triomphe du Grand N'importe Quoi" a titré Hugues DAYEZ dans "Le Soir" du 04 janvier (https://www.rtbf.be/.../detail_tintin-au-pays-des-soviets-en-couleurs-le-triomphe-du-gran...), insistant sur le fait que NON SEULEMENT, en 53 ans de carrière, il ne l'a jamais coloré mais qu' "il ne s’est pas contenté d’exclure ce premier album de la collection " Tintin " en couleurs, il a même refusé pendant 40 ans que "Les Soviets" soit réédité dans sa version originelle en noir et blanc" !!! C'est assez bien dire que, ainsi que je l'ai maintes fois écrit, "Tintin au pays des Soviets" NE DEVRAIT PAS figurer en tant qu'album de "Tintin" et tout juste recevoir le numéro "ZERO" !!!
Outre plus, Hugues DAYEZ, condamnant implicitement les "repreneurs" des "Blake et Mortimer" ou "Lucky Luke", bandes dessinées "relancées sans scrupules après la mort de leurs créateurs, par des éditeurs soucieux d'arrondir leurs chiffres d'affaires", souligne que la Société Moulinsart en est réduite à relancer "une fausse nouveauté" tirée à "350.000 exemplaires" !!! "Plus fort que midable", comme dirait Séraphin Lampion ? Non, plutôt pathétique, mille sabords !" ... Et il ne craint pas d'y aller TRES FORT : "C'est la démarche la plus absurde, la plus puante et iconoclaste qui soit. Casterman a apparemment besoin d'un "nouveau Tintin" et Nick Rodwell de pub pour faire marcher son business."
Oh, je sais, je l'achèterai très probablement (histoire de compléter ma collection !) mais n'en continuerai pas moins à penser ainsi qu'exprimé ...
C'est que cette isba soit disant "hantée" dissimule la cachette (*) "où Lénine, Trotzki (SIC !) et Staline ont amassé les trésors volés au peuple" (TPS, 102-III-1), recelant en outre une "réserve de blé", une autre de "caviar vodka" prétendument destinés à l’"exportation" servant la "propagande soviétique" lors que "le peuple russe meurt de faim" (TPS, 105-III-2) ainsi que de "dynamite" aux fins d’"attentats" !!! L'Histoire - la VRAIE – nous apprend qu'outre le fait que Lénine, mort en 1924, et Trotski, chassé du gouvernement dès 1924, exclu du parti communiste en 1927, déporté à Alma Ata en 1928 et finalement chassé d'URSS en 1929, ne pouvaient plus jouir de leur "part", il était PLUS QUE douteux que ces trois révolutionnaires RIVAUX eussent, de concert, entreposé lesdits trésors en un même endroit …
(*) le principe de cette cachette et la manière pour le moins inusitée et originale dont elle est dissimulée seront repris dans "Les Cigares du Pharaon" en le repaire de Rawhajpoutalah dont la porte d’accès est dissimulée dans un arbre creux …
De telles loufoqueries sont légion dans "Tintin au Pays des Soviets" ... comme l’invraisemblance du mythe de la TOUTE PUISSANCE de Tintin, remontant de bric et de broc une voiture en panne (TPS, p. 60 à 64), battant comme plâtre un ours polaire préalablement ivre de vodka (TPS, 87-III-2 et 88) ou remplaçant une hélice d'avion avec une autre façonnée dans un arbre à l'aide d'un seul canif (TPS, p. 113, 114, 115 et 116) !!!
S'agissant de "Boustringovitch", sa capture par la police allemande est la SEULE occasion où l'on voit le "PUR" Tintin accepter de l'argent, en l'occurrence, "20.000 marks de récompense promis pour la capture de ce criminel" (TPS, 134-III-2) !!! Que valait encore le mark, le 24 avril 1930, date de la présente planche, en plein développement de la crise générée par le crash de Wall Street du 24 octobre 1929, le tristement célèbre "Jeudi noir" ... ? Plus tard, en revanche, on le verra refuser des paquets de dollars ...
"Moscou sans voiles constitue une violente attaque contre le socialisme lui-même davantage que contre le stalinisme. L'auteur, qui a connu plusieurs prisons soviétiques, évoque la misère de la population, les massacres des koulaks, les camps d'internement, la propagande omniprésente, le cynisme des nouveaux dirigeants qu'il associe à des assassins et des repris de justice. Son hostilité sans nuance, ainsi que l'idéalisation du précédent régime, font que son livre ne possède ni la force de convictions ni la finesse politique du STALINE que Boris Souvarine devait écrire quelques années plus tard. Il répondait néanmoins à l'attente des milieux de droite, moins avides de répandre les méfaits de l'ogre soviétique que désireux de se trouver des ennemis qui justifiassent leurs propres choix idéologiques. A la veille de la crise économique mondiale, alors que se ressentent encore les effets de la saignée de 14-18 et que, en Allemagne comme en France, le socialisme constitue une menace pour les régimes bourgeois, de tels pamphlets viennent revivifier le moral de la classe ouvrière. A défaut de lui faire apprécier les bienfaits du libéralisme économique, on pouvait du moins lui mettre sous les yeux les résultats peu glorieux d'un régime prétendument fondé sur la dictature du prolétariat". (in "Les Métamorphoses de Tintin" - Éditions Seghers - p. 26)
En ce début du XXIème siècle où l'Occident, à nouveau en pleine crise économique, ne rate pas UNE occasion de diaboliser à l'envi le prétendu "régime dictatorial" de Vladimir Poutine, chaque phrase, chaque mot de cet extrait de Jean-Marie Apostolidès retrouvent une brûlante actualité !!! C'est qu'à nouveau, l'Occident européen (divisé en "Vieille" et "Jeune" Europe - dixit George W Bush ... selon des critères étatsuniens d'espèce politique, économique et ... militaire - !) s'est trouvé en ledit Vladimir Poutine et son "régime" des "ennemis" qui "justifient" ses propres choix idéologiques ... qui lui sont soufflés depuis les États-Unis via l'OTAN ...
Il n'en demeure pas moins que cette industrialisation, SAUVANT l'URSS durant la Seconde guerre mondiale, lui permettra même de remporter la guerre contre l'Allemagne nazie à un titre éminemment supérieur à ses "Alliés" anglo-saxons et américains ... lesquels ne se seront guère pressés pour ouvrir un authentique second front soulageant l'Armée Rouge supportant SEULE le choc de la confrontation avec la puissante Wehrmacht pendant TROIS ans !!! Il n'est que de consulter les statistiques mortifères pour s'en aviser (27 MILLIONS de morts en URSS contre 500.000 Britanniques ET 400.000 Américains) ou de considérer l'ampleur des offensives soviétiques en les comparant avec celles de Alliés ... !!!
Et ceux que, en Occident, stigmatisent la politique impitoyable, la Terreur policière et l'effondrement social qui furent le prix à payer par les populations pour ce gigantesque effort d'industrialisation d'une nation TRES en retard aux sortirs de la Première guerre mondiale et de la guerre civile, feraient bien de se rappeler quelle fut la condition ouvrière en Grande Bretagne, en France ou en Belgique au XIXème siècle comme dans les premières décennies du XXème et se rappeler qu'on n'hésitait à envoyer la "troupe" et faire tirer sur les grévistes (au point de procéder à un véritable massacre lors de la Commune de Paris en mai 1871 - plus de 20.000 morts en une semaine) !!! A cet égard, l'Allemagne bismarckienne et post bismarckienne aura été, là aussi, en avance sociale sur ses rivales dites "démocratiques" ...